En tant que référente handicap, en quoi consiste votre travail au quotidien ? Ce sont beaucoup d’échanges individuels avec les agents en poste. Ils viennent souvent me voir à titre confidentiel et je les aide à remplir un dossier de reconnaissance, en lien soit avec la médecine du travail, soit avec notre conseillère en économie sociale et familiale. Je travaille dans cet hôpital depuis 1982, j’ai connu divers postes. Depuis 2005, je suis au service des ressources humaines et j’ai été nommée référente handicap en 2012 après avoir suivi une formation avec l’OETH. Mon ancienneté dans l’établissement facilite sûrement les choses : les salariés me connaissent bien, ils savent que je suis bienveillante et me font confiance. J’accompagne des agents dans toutes les catégories de postes, mais c’est dans le milieu soignant qu’on trouve le plus de problématiques de santé liées à leur métier. Il y a encore des réticences à faire une demande de RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé), bien souvent par peur d’être mis à l’écart ou d’un éventuel changement de service. J’essaie de leur apporter une aide et d’aménager les postes autant que possible avec le soutien du médecin du travail. Dernièrement, la direction a pu financer et aménager dans les Unités de soins de longue durée (USLD) des rails plafonniers pour faciliter la manipulation des patients par les soignants. Tout ce travail au quotidien permet à l’Hôpital les Sources de satisfaire largement, depuis 2013, à l’obligation d’emploi de salariés en situation de handicap en dépassant les 6 % du taux légal. Votre mission consiste également à permettre aux personnes handicapées venues de l’extérieur d’intégrer vos équipes. Pour ce faire, vous avez noué un partenariat avec l’association T21. En quoi consiste-t-il ? Notre hôpital a lancé il y a dix ans une politique de prévention du handicap. Cette politique, en lien avec les instances, la direction et moi-même, nous a amenés à promouvoir des actions en faveur du handicap dans l’entreprise et au final à nous interroger avec nos partenaires sur la place des personnes atteintes de trisomie 21 en milieu hospitalier. Nous avons donc étudié la possibilité d’accueillir un stagiaire atteint de trisomie 21, et donc de créer un lien avec l’Association T21. Pour cela, il nous a fallu communiquer et convaincre à tous les échelons (les médecins, l’encadrement, les salariés, le comité d’entreprise, les familles) en présentant, parfois directement par des personnes trisomiques de l’association T21, ce qu’est ce handicap. Beaucoup de préjugés entourent ces personnes ; la présence constante de l’association T21, de ses éducateurs a été un élément indispensable au succès de cette expérience. Sans leur adhésion forte à ce projet, nous n’aurions pas pu tenter cette expérience. Comment s’est passée l’intégration de Théo au sein de l’établissement ? Une fois l’accord de tous obtenu, nous avons, sur la base du volontariat, formé au tutorat quelques salariés et membres de l’encadrement. Le lien hiérarchique défini, la fiche de poste établie précisément, nous avons ensuite intégré en stage Théo afin de tester la pertinence du projet. Tout s’est si bien passé que nous avons finalement conclu un CAE (contrat d’aide à l’emploi) avec le soutien de Cap emploi. Théo a par la suite bénéficié d’une formation d’aide-animateur financé par OETH, pour signer un CDI en juillet 2019. Depuis son arrivée, Théo a une tutrice issue de notre équipe, Christine Perez. Nous sommes toujours en lien avec l’association T21 et l’éducateur de Théo qui continue à l’épauler et vient le voir régulièrement. Théo a 25 ans aujourd’hui et il apporte beaucoup aux patients et aux équipes. Il a tissé de nombreux liens avec les personnes âgées, elles apprécient beaucoup sa compagnie. La satisfaction des usagers est bien réelle, qu’il s’agisse des patients de l’USLD ou de leur famille. Cette expérience apporte aussi à Théo une vraie reconnaissance de son utilité sociale et une véritable vie professionnelle. L’Hôpital les Sources est très fier de ce projet monté avec Théo, nos partenaires de Cap emploi, OETH et l’Association T21. Ce projet a été récompensé à ce jour de plusieurs prix : Et je suis certaine que cette réussite est liée au temps que nous avons passé à sensibiliser les équipes et les familles de patients en amont. Cette phase de sensibilisation est cruciale si on souhaite réellement parvenir à l’inclusion. Dans vos missions quotidiennes, comment se traduit le soutien apporté par l’association OETH ? Dès que je rencontre une situation difficile avec un agent, je me mets en lien avec OETH. Si on doit aménager un poste de travail, l’association répond à nos demandes et nous guide pour établir les dossiers avec un devis du matériel dont on a besoin pour adapter un poste. À ce jour, l’OETH nous a toujours apporté son aide financière. Elle nous a également soutenus et aidés pour mettre en place ce projet avec Théo, en subventionnant les actions de sensibilisation, mais aussi pour financer la formation de Théo au Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (BAFA). L’OETH est vraiment à l’écoute de nos demandes. Monsieur FERRANT, directeur général de l’Hôpital Les Sources : « C’est pour faire avancer la cause et la place du handicap dans notre société que toute cette énergie a été déployée, un travail de groupe pour préparer l’accueil, dans les meilleures conditions, pour intégrer un jeune trisomique. C’est un véritable exemple à suivre pour parvenir à une société toujours plus inclusive. »Magali Rouanet-Mehouas
Responsable Administration du personnel et Référente handicap
« La sensibilisation des équipes est cruciale pour parvenir à une réelle inclusion des travailleurs handicapés »
Magali Rouanet est responsable administrative à la gestion du personnel et référente handicap au sein de l’Hôpital Les Sources de Nice. Depuis 2012, elle coordonne la politique handicap de l’établissement en favorisant le maintien dans l’emploi des salariés en situation de handicap, mais également l’embauche de travailleurs ayant déjà une reconnaissance de travailleur handicapé. Le partenariat mis en place en 2016 entre l’Hôpital et l’Association Trisomie 21 (T21) a permis l’embauche de Théo, aujourd’hui âgé de 25 ans, en tant qu’aide-animateur auprès des personnes âgées de l’Unité de Soins Longue Durée. Ce projet a reçu, entre autres, le prix de l’innovation 2017 de la FEHAP.