30 ans,
30 portraits

Janine Cayet

Femme politique et Ex présidente OETH

Janine Cayet, le combat d’une vie pour les personnes handicapées

Engagée depuis 30 ans en faveur de l’inclusion sociale et professionnelles des personnes en situation de handicap, Janine Cayet, infirmière de formation et femme politique, rejoint l’OETH en 2001 et en assurera la présidence à plusieurs reprises. Actrice de terrain, on lui doit la création et le développement des Maisons de Lyliane, structures pionnières en France dans la prise en charge des personnes handicapées mentales. 

« À partir du moment où l’on peut apporter quelque chose, il faut y aller plein pot ! » À 78 ans, Janine Cayet a, on peut le dire, largement posé sa pierre à l’édifice de l’inclusion sociale des personnes en situation de handicap en France. Infirmière de formation, cette femme d’action se lance en politique dans les années 1980, d’abord localement dans sa ville de Trappes, puis en tant que conseillère régionale d’Île-de-France, avant d’entrer au Parlement européen puis au Conseil économique social et environnemental (CESE). Mais sa carrière politique ne l’a jamais éloignée du terrain, du « combat de (sa) vie » pour créer des lieux de vie dignes pour les personnes handicapées mentales.

Le déclic survient en 1993. À l’époque, Janine Cayet est amie avec une dame âgée qui vit avec son fils trisomique. Celui-ci n’a jamais quitté sa mère ni le domicile familial. « Le jour où elle a été hospitalisée en urgence, son fils, alors âgé de 52 ans, s’est retrouvé à la rue. À la suite d’accès de violence, il a été interné dans ce qu’on appelait à l’époque un hospice, dans les Yvelines. Il y est mort dans des conditions atroces. Cela m’a révoltée. Je ne comprenais pas qu’il n’existe aucune structure pour les personnes trisomiques, psychotiques vieillissantes ». Portée par cette révolte, Janine Cayet décide d’agir pour changer les choses.

Elle rassemble des amis, achète elle-même un terrain dans les Yvelines et crée en 1996 la première structure d’accueil pour personnes handicapées mentales vieillissantes. En 2003, une deuxième maison ouvre ses portes et dispose d’un service de soins palliatifs : « À l’époque, ces personnes n’étaient jamais accueillies dans les services dédiés des hôpitaux. » L’association grandit et décide en 2007 d’accueillir les personnes handicapées mentales de tous âges. « J’en garde une certaine fierté, reconnaît Janine, parce que j’ai vécu le parcours du combattant. Mes fonctions d’élue m’ont aidé à aller au bout. »

Aujourd’hui, les Maisons de Lyliane regroupent cinq établissements sur deux sites dont un ESAT. Elles emploient 200 salariés qui accueillent 300 usagers chaque année.

Le combat de Janine Cayet pour l’inclusion des personnes handicapées s’illustre aussi nationalement. Élue puis présidente entre les années 1990 et 2015 du Syndicat des employeurs associatifs de l’action sociale et médico-sociale (SYNEAS, devenu Nexem en 2017 après sa fusion avec la Fegapei), elle rejoint l’OETH en 2001, avec le souhait de contribuer à l’intégration des personnes en situation de handicap dans le milieu ordinaire du travail. Elle occupe deux fois la présidence de l’association entre 2001 et 2015. 20 ans après son arrivée, Janine Cayet estime que de grandes avancées ont été portées par OETH. « La première fois qu’on a proposé qu’un malvoyant fasse le secrétariat et réponde au téléphone, les équipes sur place n’y croyaient pas. Quand on a installé tout le matériel en braille, que la personne a commencé, ils se sont rendu compte que c’était possible. On a avancé comme ça. OETH a toujours joué un rôle d’innovateur. »

Création d’outils statistiques pour évaluer les taux d’emploi des travailleurs en situation de handicap du secteur, développement de la communication pour sensibiliser les employeurs, accompagnement et formation sur mesure dans les établissements pour faciliter les embauches et le maintien dans l’emploi… Autant de progrès, d’innovations, portées et développées par OETH en trente années d’existence. « Même si des réticences existent toujours,  elles sont moins importantes aujourd’hui qu’elles ne l’ont été, car beaucoup d’expériences ont été réussies », estime Janine Cayet.

Elle en est convaincue : « la richesse d’OETH, c’est qu’elle fonctionne pour soutenir un secteur particulier, celui des métiers du sanitaire, social et médico-social. Rien à voir avec les entreprises du CAC 40 ! » Pour l’élue centriste des Yvelines, l’association doit donc poursuivre ce travail singulier qui consiste à apporter des solutions pour toujours plus d’inclusion des personnes en situation de handicap dans les établissements du secteur. « Les personnes handicapées sont comme tout le monde. Elles apportent une autre façon de voir les choses. À OETH, nous prenons en compte la diversité des personnes et de leurs compétences et tentons d’apporter ce qu’il y a de meilleur, aux travailleurs comme aux employeurs ».